Définition d’un masque « grand public », dit masque « barrière COVID-19 » ?

Selon l’AFNOR (cf. SPEC S76-001), un masque « grand public » ou « masque barrière » est destiné à un « usage non sanitaire par des personnes saines ne présentant pas de symptôme clinique d’infection virale ou bactérienne et n’étant pas en contact avec des personnes présentant de tels symptômes. Ce masque protège l’environnement de l’utilisateur. Il a également pour vocation de protéger la zone « bouche et nez » contre tout contact avec les mains. Son port, limité à quatre heures, permet de constituer une barrière supplémentaire contre une éventuelle pénétration virale ou bactérienne dans la zone « bouche et nez » de son utilisateur. »

Pourquoi mettre un masque « grand public » et non pas un masque normé de type masque FFP2 ou un masque chirurgical ?

Dans le contexte de l’épidémie COVID-19 en 2020 et afin d’en assurer un accès prioritaire aux professionnels de santé et aux patients, le Gouvernement français a pris la décision, par un décret n° 2020-190 du 3 mars 2020, de réquisitionner tous les masques FFP2 et masques anti-projections jusqu’au 31 mai 2020, qu’ils soient détenus par des fabricants, des distributeurs ou de façon plus large par toute personne morale de droit public ou de droit privé. Ce décret a été abrogé et remplacé par le décret n° 2020-247 du 13 mars 2020, qui a étendu la réquisition aux masques FFP3 ainsi qu’aux masques répondant à des normes similaires dans d’autres pays, à savoir N95, N99, N100, P95, P99, P100, R95, R99, R100. Ce décret a lui même été abrogé et remplacé par le décret n° 2020-293 du 23 mars 2020, qui a maintenu la réquisition jusqu’au 31 mai 2020 tout en précisant que les masques anti-projections concernés sont ceux répondant à la norme EN 14683 (c’est-à-dire les masques chirurgicaux) et que la réquisition ne concerne alors plus les masques importés qui pourront toutefois faire l’objet d’une réquisition totale ou partielle si besoin. Ce décret a ensuite été abrogé par le décret n° 2020-545 du 11 mai 2020, levant ainsi la réquisition nationale sur les masques (le décret donne un pouvoir de réquisition de tout bien, dont les masques, aux préfets de départements si nécessaire pour faire face à la situation sanitaire). Ce dernier décret est venu toutefois réglementer le tarif de vente des masques de type chirurgical à usage unique. Ce décret a encore été abrogé par le décret n° 2020-548 du 11 mai 2020, lui-même abrogé par le décret n° 2020-663 du 31 mai 2020, lui-même modifié par le décret n° 2020-664 du 2 juin 2020 sans que ces derniers décrets ne viennent modifier les règles applicables aux masques (à notre connaissance et à la date de publication de cette page en juin 2020). Même si la réquisition sur les masques FFP2 et chirurgicaux est levée, le Gouvernement communique sur la priorité des soignants pour l’usage de ces masques.

Masque grand public

Dans le contexte de cette réquisition, les masques respiratoires répondant aux normes habituelles (FFP2, masques chirurgicaux, …) ne pouvaient donc plus être achetés en France alors même que le port d’un masque pouvait rester une protection utile dans certaines situations. D’où une réflexion sur d’autres types de masques (qui s’appelleront les masques « grand public »), sur la base des éléments suivants.

L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), dans son avis du 24 mars 2020, indique que l’usage de masques dédiés pour des usages non sanitaires présente un intérêt pour réserver aux personnels de santé l’utilisation des masques ayant le statut de dispositif médical ou d’équipement de protection individuel. L’ANSM considère que ces masques à usages non sanitaires peuvent être classés suivant 2 catégories :

  • les masques individuels à usage des professionnels en contact avec le public (hôtesses de caisses, agents des forces de l’ordre, …), avec une recommandation d’efficacité de filtration de 90 à 95% pour des particules de 3 um émises par la personne portant le masque
  • les masques de protection à visée collective pour protéger l’ensemble d’un groupe portant ces masques (au sein d’une entreprise par exemple), avec une recommandation d’efficacité de filtration de 70 à 80% pour des particules de 3 um émises par la personne portant le masque

L’ANSM mentionne également des critères de respirabilité (sur 4h), de possibilité de réutilisation (sous réserve de possibilité de lavages en conservant les performances du masque) et de conception (bon ajustement, pas de coutures verticales au niveau de la bouche et du nez).

Dans un avis complémentaire du 14 mai 2020, l’ANSM précise ses recommandations concernant les opérations de nettoyage entre 2 utilisations d’un masque réutilisable et à usage non sanitaire. Pour les particuliers, ces recommandations sont un lavage en machine (avec lessive) à 60°C pendant 30 min minimum puis un séchage (par sèche-linge ou séchage naturel) puis un repassage sans vapeur à une température de 120 à 130 °C (entre la position « o » et « oo »).

Dans sa note du 26 mars 2020, l’ANSES indique notamment que « face à la pénurie de masques de protection respiratoire et afin de permettre de réserver aux professionnels de santé l’attribution de ces derniers dès réception, le gouvernement a sollicité l’offre industrielle française afin de disposer de masques alternatifs et dont des spécificités minimales d’efficacité théorique ont été fixées. Ces masques alternatifs sont destinés à être mis à la disposition des travailleurs en activité autres que ceux exerçant en contexte de soin de santé. » Le port de ces masques alternatifs vise « à permettre d’atténuer le risque d’exposition au virus, sous réserve des démonstrations techniques amenées par les industriels ou les organismes de contrôle sur ce point. Au-delà, le port d’un tel masque, implique nécessairement, comme pour le port d’un masque de type EPI, le respect minutieux des gestes barrières, et une manipulation précautionneuse permettant de ne pas souiller le masque. » L’ANSES souligne également « l’importance […] que chaque utilisateur reste conscient que cet accessoire constitue le dernier maillon d’un ensemble de dispositions à prendre et de gestes nécessaires, dont les «gestes barrières», pour bénéficier d’une protection globale« .

Sur la base de ces avis, le Gouvernement a publié une note d’information du 29 mars 2020 (mise à jour le 26 avril 2020) créant 2 catégories de masques exclusivement réservées à des usages non sanitaires et destinés à prévenir les projections de gouttelettes et leur conséquences, définis comme suit :

  • Catégorie 1 : les masques individuels à usage des professionnels en contact avec le public, destinés aux personnels affectés à des postes ou missions comportant un contact régulier avec le public. L’efficacité de filtration minimale retenue est de 90% des particules de 3 um.
  • Catégorie 2 : les masques à visée collective pour protéger l’ensemble d’un groupe portant ces masques et destinés aux personnes dans le milieu profesionnel ayant des contacts occasionnels avec d’autres personnes. L’efficacité de filtration minimale retenue est de 70% des particules de 3 um.

A noter : en fin mars 2020, ces masques à usages « non sanitaires » sont prévus pour le milieu professionnel, pas pour les particuliers. A compter de fin avril 2020, ces masques sont appelés « grand public » et peuvent également être « proposés au plus grand nombre à l’occasion de sorties autorisées dans le contexte du confinement. » Il est ensuite précisé que « dans le contexte du confinement et de déconfinement, le port d’un masque « grand public » est une mesure complémentaire des mesures classiques de distanciation physique et des gestes barrières« .

Masque grand public

Les masques « grand public », doivent répondre à certains critères, se reporter à la page dédiée au sujet.

A noter : les masques « grand public » ne sont pas destinés à être utilisés par les personnels soignants et ne sont ni un dispositif médical au sens du Règlement UE/2017/745, ni un équipement de protection individuelle au sens du Règlement UE/2016/425. Le fait de porter un masque « grand public » n’enlève aucunement la nécessité d’appliquer les gestes barrières complétés, dans la mesure du possible, par le respect des mesures de distanciation physique.

En complément, voici l’avis de l’OMS sur le port des masques dans le cadre de la crise COVID-19 :

Le port du masque doit s’inscrire dans une stratégie globale comportant des mesures qui visent à enrayer la transmission et à sauver des vies ; à lui seul, le port du masque n’offre pas une protection suffisante contre la COVID-19. Il faut aussi garder une distance d’au moins un mètre avec les autres personnes, se laver fréquemment les mains et éviter de se toucher le visage et de toucher le masque.

L’OMS recommande aux personnes de ‎consulter systématiquement les autorités ‎locales de leur région pour connaître les ‎pratiques recommandées.‎
En cas de transmission communautaire intense ‎et en particulier dans les endroits où la ‎distanciation physique est impossible, les ‎pouvoirs publics doivent encourager le port du ‎masque en tissu par le grand public.

Le port du masque par la population générale, dans les lieux collectifs, peut réduire l’exposition potentielle à une personne infectée avant l’apparition des symptômes ou à une personne infectée asymptomatique.

Toute prise de décision concernant le port du masque doit tenir compte de risques et d’inconvénients potentiels :

  • Les masques non médicaux ou en tissu pourraient accroître le risque de contracter la COVID-19 si le masque est contaminé par des mains souillées et souvent touché ou porté sur des parties du visage autres que celles indiquées, ou sur la tête, puis replacé sur la bouche et le nez.
  • Selon son type, le masque peut entraîner des difficultés respiratoires.
  • Le masque peut provoquer des lésions sur le visage.
  • Le masque peut rendre la communication difficile.
  • Le masque peut être inconfortable.
  • Il est possible que le port du masque, dont les bénéfices ne sont pas certains, crée un faux sentiment de sécurité chez le porteur, qui pourrait être amené à appliquer moins strictement les mesures de prévention dont les bénéfices sont avérés, comme la distanciation physique et l’hygiène des mains.

Pour retrouver les détails et les mises à jour des recommandations de l’OMS sur les masques en période de crise COVID-19, se référer directement à son site Internet.